Quel avenir avec James Lovelock ?

Si vous souhaitez avoir un aperçu de ce que l’avenir, nous réserve, je vous conseille de vous familiariser avec les écrits du prolifique, polémique, créatif scientifique indépendant, James Lovelock, docteur en médecine et en biophysique, chimiste et inventeur de merveilleux appareils, de toutes sortes, qui permettent de faire avancer la connaissance et la science.

Quel avenir avec James Lovelock ? - par Sylvie Gendreau

Quel avenir avec James Lovelock ? - par Sylvie Gendreau

Révisé 4 août 2020. Ce visionnaire scientifique, environnementaliste et futurologue à qui le temps donne souvent raison a célébré ses 100 ans à l’été 2019 avec la parution de son dernier livre, Novacene: The Coming Age of Hyperintelligence*.

Comme on peut le voir sur la photo de David Stock, publié dans l’article de Gaia Vince** pour The New Scientist, ce jeune homme de 100 ans semble plutôt en forme.

Dans les années soixante-dix, James Lovelock secoua le monde scientifique en soumettant une idée nouvelle : Gaïa : un système d’auto-régulation qui permet à la Terre de conserver plus ou moins intact l’écosystème planétaire. 

L’hypothèse Gaïa fut immédiatement adoptée. Trop vite sans doute. Et cette adoption subite eut pour conséquence que cette hypothèse fut fort mal comprise. Gaïa n’est pas une entité vivante, il ne s’agit pas d’un gigantesque organisme, mais plutôt d’un ensemble complexe de boucles de rétroaction, mises en action par la totalité des espèces vivantes, pour assurer à notre planète l’équilibre thermique nécessaire pour que la vie sur terre se perpétue. 

Pourquoi parler de Gaïa en ces temps de crise ?

Pour plusieurs raisons. La première, James Lovelock récidive avec la parution récente d’un autre ouvrage, consacré celui-là à la suite du monde : Novacene: The coming age of hyperintelligence

Novacene fait suite à une autre ère de la géo-histoire, l’Anthropocène, cette période de l’histoire de la Terre marquée par l’apparition de l’homme. 

Novacene suspend et choque, car dans ce livre, Lovelock prédit l’apparition d’une nouvelle espèce d’êtres super intelligents : les cyborgs. Lovelock se garde bien d’en donner une description anatomique. Pour lui, il est peu probable que ces entités ne ressemblent à ceux qui les ont engendrés : les humains. 

Toujours selon Lovelock, nous assistons d’ores et déjà aux tous premiers stades de développement de ces super intelligences. Dans quelques décennies, tout au plus, des systèmes auto-apprenants verront le jours, et leur intelligence fondée sur un substrat électronique sera supérieure de plusieurs ordres de grandeur aux capacités intellectuelles humaines. Ce seront les cyborgs qui prendront la relève, et qui assureront l’équilibre de Gaïa. Les humains auront joué un rôle de gestation. Nous serions en quelques sorte une espèce transitoire qui cédera désormais la place à une autre forme de vie artificielle. 

Le cosmos, et c’est toujours Lovelock qui s’exprime, aurait pour but premier de produire de l’information, sans cesse plus d’information, pour produire de la conscience. Et sur notre planète, depuis des millions d’années, dans des conditions évolutives extrêmement spécifiques, la vie s’est développée pour produire sans cesse plus d’information et de conscience, à la condition expresse que se maintienne un équilibre thermique très fragile. C’est grâce aux boucles de rétroaction extrêmement complexes de Gaïa que la Terre a su maintenir l’équilibre thermique qui l’a empêché de se transformer en un lieu inhabitable à l’instar de Vénus, par exemple. 

Mais la Terre se fait vieille. Les hommes, au cours de l’Anthropocène, l’ont mise à rude épreuve. Elle se réchauffe, elle se fragilise et elle ne se remettrait sans doute pas, comme par le passé, d’une nouvelle catastrophe. 

La crise du COVID-19 nous rappelle que la communauté des hommes peut être facilement ébranlée par un virus qui, bien que très infectieux, est loin d’être le pire que l’humanité ait eu à affronter au cours de son histoire. Le COVID-19 aura réussi à mettre au tapis le système économique et politique mondial pendant plusieurs mois. Que se passera-t-il lorsque l’humanité affrontera des catastrophes de plus grande ampleur ?

Faudra-t-il désormais s’en remettre à des intelligences non humaines, celles que nous sommes en train d’enfanter, pour résoudre les problèmes que l’ensemble des pays doivent et devront résoudre ? 

Supposons que l’hypothèse avancée par Lovelock ne se réalise pas. Sommes-nous en mesure de concevoir, de produire et de mettre en œuvre les outils et les politiques pour affronter les défis auxquels nous devons inévitablement faire face ? Je n’ai évidemment pas la prétention de pouvoir répondre à de telles questions. Mais je terminerai avec une citation de Bruno Latour dans son livre Face à Gaïa.*** Latour s’interroge avec panache sur notre époque : 

« C’est le moment même où l’on a enfin réussi à universaliser sur toute la surface de la Terre le même humanoïde économisateur et calculateur. Sous le nom de globalisation ou de mondialisation, la culture de cet étrange OGM – de son nom latin Homo œconomicus – s’est répandue partout… juste au moment où l’on a un cruel besoin d’autres formes d’homodiversité ! Pas de chance vraiment : il faut affronter le monde avec un humain réduit à un tout petit nombre de compétences intellectuelles, doté d’un cerveau capable de faire de simples calculs de capitalisation et de consommation, auquel on attribue un tout petit nombre de désirs et que l’on est enfin parvenu à convaincre de se prendre vraiment pour un individu, au sens atomique du mot. Au moment même où il faudrait refaire de la politique, on n’a plus à notre disposition que les pathétiques ressources du management et de la gouvernance. »

Lorsqu’il est question de faire la prospective… on émet plusieurs scénarios. Des positifs comme des négatifs. Aujourd’hui, nous avons une nouvelle opportunité d’agir plutôt que de seulement réagir.

Que ferons-nous de cette opportunité ?

Sommes-nous en mesure de devenir des humains augmentés intelligents ?

L’univers est progressif, tout comme l’est la conscience. C’est pourquoi, mon premier réflexe lorsque cette crise a éclaté, pour notre école en ligne La Nouvelle École de Créativité, a été de développer un cours en ligne, Attitudes pour prendre de l’Altitude. Un cours pour apprendre la conscience de soi, un cours qu’on écoute les yeux fermés, pour opérer un nettoyage intérieur et définir une nouvelle vision.

Avant de penser comment profiter de la situation pour gagner de l’argent rapidement et sauver la situation, avant de faire un plan de productivité, il est plus pressant… de bien se recentrer pour devenir une meilleure version de soi-même, pour adopter des pratiques qui nous feront progresser de l’intérieur pour influencer de manière positive l’extérieur.

Cela m’a fait sourire… car cela coïncide avec la période de confinement. Ce travail introspectif est à l’opposé d’un confinement, c’est un travail d’expansion de l’imagination pour ensuite développer les plans d’action qui pourront être un déploiement vers une société augmentée.

Nous ne deviendrons pas des Humains augmentés en nous agitant. Nous deviendrons des Humains augmentés en développant une conscience de soi pour progresser dans une direction que très peu d’entre nous sont en mesure d’imaginer à ce stade.

Ce travail est un moteur de développement.

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