De nouveaux troubles mentaux émergent. Découvrez pourquoi nos cerveaux sont en surchauffe ?

Le rythme et les modes de vie actuels constituent une menace réelle qui risque de mettre en péril l’équilibre mental déjà délicat. 

Une femme effectue plusieurs tâches dans une cuisine avec plusieurs bras, chacun réalisant des activités différentes telles que cuisiner, vérifier son téléphone, tenir des horloges et écrire, le tout dans un effet de flou cinématique à grande vitesse

Photo : Pierre Guité créée avec Dalle 3—Cette image capture l'essence du multitâche moderne de manière visuellement dynamique. Elle présente une femme dans un cadre de cuisine, dotée de plusieurs bras qui s'engagent simultanément dans diverses activités. L'image utilise un effet de flou de mouvement qui traduit la rapidité et l'agitation de la gestion de multiples tâches à la fois, telles que cuisiner, utiliser des appareils numériques, et gérer le temps, soulignant les défis de la vie quotidienne à une époque numérique et rapide.

Les humains sont beaucoup plus fragiles sur le plan mental qu’ils ne le croient.

Le guide des troubles mentaux est le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. Il s’agit d’un manuel publié par l'Association Américaine de Psychiatrie (American Psychiatric Association, APA). Le DSM-5 est utilisé par les professionnels de la santé. Il classifie les troubles mentaux, les décrit et identifie les différents diagnostics possibles. 

La dernière version du DSM-5, publié en mars 2022, répertorie plus de 300 troubles mentaux. Parmi les nouveaux entrants, on compte désormais plusieurs troubles neurodéveloppementaux, des troubles d’apprentissage (la lecture (dyslexie), l'écriture (dysgraphie) et les mathématiques (dyscalculie)), des troubles de la coordination du développement (dyspraxie) ou encore des troubles de la communication. 

Le rythme et les modes de vie actuels constituent une menace réelle qui risque de mettre en péril l’équilibre mental déjà délicat. 

Notre cerveau est certes fragile mais, au fil des siècles, il ne s’est pas développé de la sorte sans que cette évolution ait eu aussi des retombées positives. Raphaël Gaillard dans son livre Un coup de hache dans la tête jette un regard différent sur la prévalence des troubles mentaux. Il envisage cette prévalence dans la perspective de l’évolution des espèces de Darwin. Selon lui, certaines caractéristiques associées à ces troubles pourraient avoir été avantageuses pour la survie de l’espèce humaine.  

Image en noir et blanc de mains humaines tenant délicatement un cerveau humain détaillé et réaliste.

Une photographie poignante en noir et blanc montrant une paire de mains qui bercent un cerveau humain méticuleusement détaillé. Cette image symbolise le soin, la compréhension et la complexité de la pensée humaine. Les tons monochromes accentuent la texture et les subtilités du cerveau, invitant à la réflexion sur la santé mentale, l'essence de la cognition humaine et la manipulation délicate de celle-ci.

Le livre explore l'idée que certains traits associés aux troubles mentaux auraient été avantageux pour la survie humaine à travers le concept de "balancing selection". Ce mécanisme suggère que les avantages de formes modérées de maladie peuvent compenser les désavantages des formes plus sévères. En d'autres termes, la présence d'une maladie fréquente dans une population s'explique par le fait qu'un de ses attributs confère un avantage à l'espèce. Selon l'environnement, un facteur de risque génétique peut avoir des conséquences différentes, étant soit une source de maladie soit une source de résistance pour un individu. À titre d’exemple, un gène favorisant l'obésité peut être défavorable dans un contexte, mais avantageux dans un autre, en fonction des conditions de vie. Ainsi, certaines caractéristiques associées à une maladie, et non la maladie elle-même, pourraient avoir des vertus adaptatives.

Un exemple spécifique mentionné est la schizotypie, un trouble de la personnalité qui partage certaines caractéristiques avec la schizophrénie, comme une tendance à la pensée magique et à une certaine excentricité. Ces traits peuvent, dans certaines circonstances, augmenter les chances de rencontrer des partenaires sexuels et ainsi favoriser la propagation des gènes d'une personne. 

Une étude a montré que les individus avec des tendances schizotypiques avaient une préférence pour des relations de courte durée, ce qui pourrait faciliter la dispersion de leurs gènes. Cette hypothèse rejoint la théorie du chamane, suggérant que certains symptômes pourraient avoir conféré un statut social avantageux, comme une communication supposée avec les esprits, augmentant ainsi les opportunités de reproduction malgré les aspects négatifs liés à l'isolement social.

Ces considérations illustrent la complexité de l'évolution humaine et suggèrent que certains traits aujourd'hui considérés comme pathologiques pourraient avoir eu des fonctions adaptatives dans le passé, contribuant à notre diversité génétique et comportementale actuelle.

Scène animée dans une station de métro avec mouvement flou de passagers pressés dans un cadre vibrant et futuriste.

Cette image illustre vivement la frénésie des trajets quotidiens dans une station de métro, rehaussée par une palette de couleurs futuriste et vibrante. La technique de longue exposition utilisée ici floute le mouvement des passagers, reflétant le rythme rapide et les moments éphémères de la vie urbaine. La scène est baignée de lumières néon, ajoutant un sentiment d'urgence et de modernité à l'agitation quotidienne des citadins.

Le livre aborde en profondeur la vulnérabilité humaine aux troubles mentaux due à la complexité et la fragilité de notre cerveau, soulignant comment notre organe le plus développé a perdu en fiabilité, exposant ainsi l'individu à des "bugs" mentaux. Gaillard examine cette fragilité en relation avec la créativité et les troubles mentaux, suggérant que notre ADN nous prédispose à la fois à des troubles mentaux et à la créativité, reflétant une sélection évolutive d'une vulnérabilité commune à ces aspects.

Deux exemples particulièrement éclairants pour illustrer ces "bugs" mentaux sont détaillés dans son ouvrage, soit la schizophrénie et l'impact des émotions sur notre psychisme.

La Schizophrénie

La schizophrénie est décrite comme un trouble mental lié aux mécanismes de la conscience. Elle est présentée comme une pathologie de la désorganisation de l’espace de travail neuronal global, où la coordination harmonieuse entre les différentes parties du cerveau est perdue. Ce désordre entraîne des symptômes de dissociation, au cœur de la maladie, et peut mener à des hallucinations auditives, comme entendre des voix sans stimulus externe. La schizophrénie illustre ainsi un "bug" mental où la perturbation de la dynamique cérébrale normale expose à des dysfonctionnements significatifs de la conscience et de la perception.

L'Impact des Émotions

Le livre aborde également la manière dont les émotions peuvent perturber notre représentation mentale et psychique du monde, agissant comme un fauteur de troubles qui déforme notre perception de la réalité. Ces perturbations émotionnelles peuvent conduire à une discorde entre notre vie psychique et le réel, illustrant un autre type de "bug" mental. Les émotions peuvent ainsi nous éloigner de la réalité objective, soulignant notre vulnérabilité à des troubles mentaux qui déchirent le voile entre nos perceptions internes et le monde extérieur.

L'impact des émotions sur notre psychisme, tel que décrit dans "Un coup de hache dans la tête", met en lumière la puissance et l'influence considérable que nos états émotionnels peuvent avoir sur notre perception du monde et sur notre comportement. L'auteur explore comment les émotions ne se contentent pas d'influer sur nos pensées et actions de manière superficielle, mais également comment elles peuvent remodeler en profondeur notre réalité psychique, influençant notre capacité à interagir avec le monde extérieur de manière cohérente et adaptée.

Les émotions sont présentées comme ayant le potentiel de déstabiliser notre accordage avec la réalité, pouvant altérer notre jugement et notre perception de manière significative. Elles peuvent brouiller la ligne entre ce qui est interne et ce qui est externe, entre notre monde intérieur et la réalité objective. Ce phénomène est particulièrement évident dans les cas de troubles mentaux, où les émotions exacerbées ou déréglées peuvent conduire à une distorsion de la réalité, empêchant l'individu de fonctionner de manière optimale dans son environnement.

En détaillant l'impact des émotions, l'auteur soulève également la question de leur rôle dans la vulnérabilité humaine aux troubles mentaux. Les émotions, par leur force et leur capacité à influencer profondément notre psychisme, jouent un rôle clé dans l'apparition et la manifestation des troubles mentaux. Elles agissent comme un catalyseur qui peut exacerber notre vulnérabilité à ces troubles, soit, dans certains cas, offrir une voie de résilience et d'adaptation.

Cette analyse de l'impact des émotions sur notre psychisme reflète la complexité de la condition humaine, où notre plus grand atout—la capacité de ressentir profondément et de manière nuancée—peut également devenir une source de grande vulnérabilité. En comprenant mieux comment nos émotions façonnent notre interaction avec le monde, nous pouvons commencer à dévoiler les mécanismes sous-jacents des troubles mentaux et, potentiellement, trouver des voies plus efficaces pour leur prise en charge et leur traitement.

Gaillard explique l'importance de la neuroplasticité, de la façon dont nos cerveaux se sont développés pour favoriser une adaptation constante, et examine les conséquences de cette évolution sur notre vulnérabilité aux troubles mentaux. 

Dans Un coup de hache dans la tête, le psychiatre définit la neuroplasticité comme une caractéristique fascinante et fondamentale de notre cerveau, permettant une adaptation constante à travers la formation incessante de nouvelles synapses. Cette capacité de changement et d'adaptation du cerveau, qui comprend entre 85 à 100 milliards de neurones, chacun pouvant interagir avec 10 000 autres neurones, souligne non seulement la complexité de l'organe mais aussi sa capacité à se remodeler en réponse à l'expérience et à l'apprentissage.

Quant aux conséquences de cette neuroplasticité sur notre vulnérabilité aux troubles mentaux, l'auteur fait le lien entre les prouesses et la fragilité de notre cerveau. Il évoque comment l'accès à la conscience, une dynamique à la fois miraculeuse et essentielle à notre fonctionnement cérébral, révèle la vulnérabilité inhérente à la complexité du cerveau. Cette fragilité, résultant de la neuroplasticité, nous expose aux troubles mentaux. L'auteur propose l'idée que les mêmes mécanismes qui permettent à notre cerveau d'atteindre des niveaux remarquables de créativité et de cognition sont également ceux qui nous rendent susceptibles aux dysfonctionnements mentaux.

Ainsi, la neuroplasticité, tout en étant un atout formidable, permettant l'apprentissage et l'adaptation, comporte également un revers. Elle reflète la double facette du cerveau humain : une capacité inégalée à évoluer et à se réinventer, mais aussi une propension aux "bugs" ou dysfonctionnements, mettant en lumière notre vulnérabilité aux troubles mentaux.

Il est essentiel d’investir du temps pour renforcer notre maîtrise émotionnelle, minimisant ainsi les pertes de contrôle. Nos programmes aident à identifier et gérer les 'saboteurs internes'—ces patterns mentaux négatifs acquis qui peuvent déclencher des réactions de stress, d’anxiété, de colère, ou d’autosabotage. À travers des exercices quotidiens, nous apprenons à contrôler ces influences, ce qui est essentiel pour le développement d’une intelligence émotionnelle robuste et un climat de travail serein.

Pour un leader qui dirige des équipes, développer les compétences psychosociales des membres de ses équipes est crucial. Il est important de consacrer du temps au dialogue et à l’écoute, et de veiller aux débordements émotionnels parfois causés par un stress toxique, ce qui peut nuire considérablement à la performance de l’entreprise. Il ne faut pas hésiter à avoir recours à des coachs qualifiés pour développer ses compétences au quotidien, un regard extérieur permet souvent de voir ce qui nous échappe. Ces compétences sont explorées à travers divers articles sur nos blogs, notamment Être en forme, Le Nouveau Leadership, et Le laboratoire créatif.

La pertinence de ces compétences est également confirmée par des études globales, telles que le projet Aristote de Google, qui identifie les facteurs clés des équipes performantes.

Cinq critères ont émergé :

1- La sécurité psychologique : La capacité à s’exprimer et prendre des risques sans se faire rabrouer par un leader.

2- L’interdépendance : La confiance mutuelle entre les membres de l’équipe dans la production d’un travail de haute qualité.

3- La clarté des structures et des buts : La clarté des structures et des buts : Les objectifs et les stratégies pour les atteindre sont-ils bien définis ?

4- Le sens : Un Projet commun: Travaillons-nous ensemble à quelque chose d’important pour chacun d’entre nous ?

5- L’impact : Les résultats concrets de notre effort collectif.

Ces critères soulignent la nécessité des compétences psychosociales, essentielles pour créer un environnement de travail propice à la santé mentale et à la productivité.

La connaissance de soi, de ses valeurs et de ce qui donne du sens à sa vie, ainsi que la connaissance des autres, qui implique la compréhension et le respect de leurs perspectives, et la capacité à faire preuve d'empathie. Toutes ces compétences participent à créer un environnement qui nourrit des émotions positives au quotidien.

Comme souligné par Daniel Goleman et dans nos discussions dans La Cité des Intelligences, l'intelligence émotionnelle est une compétence psychosociale clé, indispensable pour naviguer efficacement dans le complexe paysage de la santé mentale et améliorer le bien-être individuel et organisationnel, thèmes que nos programmes enrichissent avec des techniques variées comme la méditation et la gestion énergétique.

Dans le monde des organisations, les leaders dotés d'une forte intelligence émotionnelle sont mieux équipés pour reconnaître les signes de stress mental chez leurs équipes et y répondre de manière empathique et efficace. En cultivant un environnement où la santé mentale est une priorité, ces leaders renforcent la résilience de leurs organisations tout en favorisant un climat de travail plus sain et productif. Ainsi, valoriser l'intelligence émotionnelle dans le leadership n'est pas seulement bénéfique pour la santé mentale des employés ; c'est aussi une stratégie essentielle pour le succès et la pérennité de l'organisation.

Références :

Raphaël Gaillard, Un coup de la hache dans la tête

Daniel Goleman, Emotional Intelligence


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