Gagner avec la lenteur

Nous pensons que le problème, c’est la lenteur, mais en fait, le problème c’est le déficit d’attention.

Gagner avec la lenteur - par Sylvie Gendreau

Gagner avec la lenteur - par Sylvie Gendreau

Une auteure, Jacqueline Woodson, explique qu’elle vient d’une famille religieuse. Ses parents lui ont imposé la lecture de la bible et du coran dès qu’elle a appris à lire. Elle lisait en laissant glisser son doigt lentement sous les lignes. Parfois, elle s’attardait, tournant son doigt autour du même mot.

Plus tard, elle a compris que cela avait beaucoup stimulé son imagination. Elle rêvassait en lisant. Aujourd’hui, cette façon de lire lentement l’aide à écrire.

Non seulement, il est essentiel de récupérer plus de temps, mais il faut réapprendre à occuper ce temps en y insérant de la lenteur… pour mieux lire, écrire, créer et réfléchir.

Cela représente un vrai défi, car nous sommes dans un monde en accélération. Il faut toujours aller plus vite. Au point où lorsque tout s’arrête, on peut se sentir perdu. L’activité continuelle peut devenir une agitation inefficace et une addiction.

Aujourd’hui, une personne lente semble hors du temps. Dans un groupe, si elle a besoin de plus de temps pour obtenir un résultat, elle devra avoir recours à des stratagèmes pour ne pas impatienter ses collègues.

Nous pensons que le problème, c’est la lenteur, mais en fait, le problème c’est le déficit d’attention.

Je vois cela tout le temps. L’étudiant qui ne lit pas les consignes attentivement est perdu. Celui qui n’écoute pas attentivement est perdu. Le manque d’attention fait perdre plus de temps que la lenteur en soi. Et surtout, la perte est plus importante, parce que lorsque nous sommes perdus, nous avons du mal à apprendre et à avancer.

Une personne est parfois lente parce qu’elle prend le temps d’approfondir un sujet. Cela est très bien. Lorsqu’elle maîtrise le sujet, elle sera beaucoup plus efficace que la personne qui a été à toute vitesse au départ, laissant échapper des éléments importants (déficit d’attention) qui l’obligeront à revenir en arrière si elle veut vraiment comprendre le sujet.

La lenteur appliquée à bon escient peut être un atout.

Le déficit d’attention, comme on l’a vu dans le lab du dimanche, n’est pas nouveau. Au Moyen Âge, longtemps avant Internet, les moines devaient trouver des subterfuges pour rester concentrés comme je l’explique dans le billet de la semaine. Si c’était déjà difficile pour eux, il n’est donc pas étonnant que cela le soit pour nous !

Que pourriez-vous faire pour vous offrir des pauses de lenteur ?

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