Construire une équipe gagnante 🚩 Quel est le rôle du respect ?
L’Art de Construire une équipe !
Une bonne équipe est rarement le fruit du hasard.
Qu’est-ce qui contribue le plus, au succès d’une entreprise ou d’un projet ? La qualité de l’équipe est un paramètre important et délicat.
Construire une bonne équipe est un défi très exigeant. L’expression même « une bonne équipe » signifie que le tout doit être mieux que l’addition de ses parties. Ce qui suppose qu’il doit y avoir une alchimie !
Construire une bonne équipe est un art.
À la Nouvelle École de Créativité, nous avons fait du respect, une de nos valeurs fondamentales. Lorsqu’on prend une telle décision, cela signifie que l’on souhaite vivre le respect au quotidien, on s’aventure donc dans une expérience qui sera exigeante.
Cela implique également que toute personne recrutée devra partager nos valeurs. Mes expériences passées m’ont appris que les compétences techniques s’acquièrent, mais l’adhésion aux valeurs, c’est plus difficile. Il est donc important de communiquer sur ces aspects avec nos futurs employés.
Le souci, c’est que les valeurs sont souvent associées à de grands mots qui ne sont pas toujours simples à définir. Le respect, par exemple, ne veut pas dire la même chose pour tous.
Que veut dire le mot respect ?
Pour éclairer notre réflexion, j’ai eu envie de revenir à la philosophie. Le respect peut être considéré de deux façons différentes :
Le respect du point de vue du comportement.
Le respect en tant qu’attitude ou émotion, exprimé ou non par un comportement.
Nous faisons preuve de respect, en tant qu’attitude ou émotion, par exemple, lorsque nous faisons preuve de respect à l’égard d’autrui.
Le respect a toujours un objet. C’est-à -dire que le respect est toujours dirigé, ressenti à l’égard d’un objet.
Le respect est une réponse constituée de plusieurs éléments : attention, déférence, jugement, reconnaissance, évaluation et comportement.
Le mot respect a pour racine étymologique le terme latin respicere qui signifie regarder en arrière, derrière soi, ou regarder de nouveau.
Le respect : Une attention particulière !
Vu sous cet angle, le mot respect renvoie à un mode particulier d’appréhender un objet. Celui qui respecte quelque chose accorde une attention particulière à cette chose, et parvient ainsi à percevoir cette chose de manière différente.
Le fait d’accorder une attention particulière à un objet manifeste l’intention qui consiste à vouloir en savoir plus sur cet objet, à tenter de le voir plus clairement. À tenter de le considérer pour ce qu’il est en tant que tel, et non pas au travers du filtre du désir, de la peur ou du préjugé. Ainsi respecter quelque chose se démarque complètement d’une attitude d’indifférence, de négligence ou de rejet à l’égard de cet objet.
Un objet peut être perçu à partir de plusieurs points de vue. Par exemple, on pourrait, à juste titre, considérer un individu en tant que citoyen ou en tant que professionnel : un juge, un chanteur exceptionnel, ou en tant que personne de confiance ou l’inverse. Dans chacun des cas, le respect qui lui sera accordé sera différent, mais dans tous les cas, il fera l’objet d’une attention particulière pour ce qu’il est. C’est pourquoi, le respect est considéré comme une vertu.
Le respect, une vertu ?
On fait preuve de respect envers un individu ou un objet. C’est l’objet ou l’individu qui suscite le respect. Le respect lui est dû, il en fait la demande, le revendique. On ne fait pas preuve de respect parce que nous le voulons, mais parce que nous prenons conscience que nous le devons. En ce sens, le respect diffère de la préférence, du penchant ou de la peur qui ont pour fondements l’intérêt ou le désir.
Lorsque nous faisons preuve de respect envers un objet, nous faisons abstraction de nos préoccupations égocentriques pour nous pencher sur cet objet et sur sa réalité propre. Nous nous soumettons à la demande de cet objet.
Le respect est à la fois objectif et subjectif.
Le respect est subjectif, car la réponse du sujet est déterminée par sa compréhension de l’objet, du jugement qu’il porte sur la légitimité et la pertinence de la demande (de respect). Le respect peut ainsi être selon le point de vue d’une personne, inapproprié.
Le respect est aussi objectif, car c’est une réponse impersonnelle à un objet :
Le respect est une réponse qui est indépendante de nous.
🚩 Le respect contraint nos attitudes et nos actions.
🚩 Le respect que nous portons envers un objet dépend d’un point de vue commun que nous endossons.
🚩 Le respect a une fonction qui universalise. Si les attributs qui font qu’un objet est digne de respect se retrouvent dans un autre objet, celui-ci est aussi digne de respect.
Comment applique-t-on le respect au sein d’une équipe ?
Selon la culture d’une entreprise, des personnes obéissent sans pour autant respecter leurs dirigeants. Ils le font par respect des règles et de l’autorité. Ce n’est évidemment pas ce que nous recherchons pour développer une équipe gagnante. Obéir et Respecter sont deux verbes différents.
La meilleure façon d’accroître le respect ?
Ouverture d’esprit et Communication !
Il est important d’inviter chaque personne à exprimer ce qu’elle ressent par rapport à un objet. Mais cela doit être fait dans le respect de certaines règles.
À la NEC, nous sommes plutôt des créatifs. L’hypersensibilité est dans nos gènes. Si vous avez des hypersensibles autour de vous, vous avez probablement remarqué que la plupart peuvent être susceptibles. Pour ces personnes, un commentaire peut être perçu comme un jugement concernant l’entièreté de leur personne.
Lorsqu’on est passionné par notre projet, cela peut être très difficile d’entendre nos collègues émettre des avis critiques sur nos créations ou nos initiatives. Pourtant ces avis visent à améliorer le projet et non à nuire à son créateur.
Lorsqu’on réussit à construire une bonne équipe, le respect peut être fait de manière sincère et détendue. Chez Google, par exemple, Larry Page manifeste son ouverture d’esprit. Il n’a pas de soucis à écouter et à accepter les critiques de ses collaborateurs. Ceux et celles qui ont collaboré avec lui disent même que cela l’amuse. C’est sa façon de les mettre au défi. Kim Scott, l’auteur de Radical Candor a été sous le choc la première fois qu’il a été un témoin d’un tel échange. Pour lui, cela était de l’ordre de l’irrespect. Mais lorsqu’il a vu Larry Page éclater de rire, il a compris qu’il aimait recevoir ce genre de critiques. Cela reflétait donc la culture de Google.
À la NEC, ce qui nous aide beaucoup, c’est le travail que nous faisons avec notre programme Musclez votre cerveau. Chaque membre de l’équipe (et futur membre) fait un travail sur leur juge interne et leurs saboteurs. Cela permet à notre équipe d’avoir un quotient positif élevé. Lorsque nous opérons en mode sage, il est possible d’émettre des critiques d’une manière constructive. Cela permet à tous d’avoir les mêmes références.
Nous appliquons également l’approche du « oui, et » inspirée par Steve Jobs. C’est la méthode qu’il a implémentée avec les créateurs de PIXAR. Elle consiste à toujours chercher les 10 % positifs dans l’idée de l’autre, et d’émettre un commentaire qui ajoute de la valeur à l’idée originale. Cette approche évite que l’auteur d’une idée ait l’impression que son collègue démolit son idée (ou son projet).
C’est un exemple qui aide à fluidifier les communications au sein d’une équipe. Lorsqu’on y pense, une équipe représente des dizaines de milliers d’interactions. On se transmet de l’énergie, des émotions, des intentions, de la motivation. Les membres d’une équipe ont une forte influence les uns sur les autres.
La valeur de respect se couple très bien avec d’autres valeurs complémentaires comme l’intégrité et l’honnêteté. Encourager chaque personne à dire sa vérité, en toute transparence, vaut de l’or. Pour nous, c’est une valeur essentielle pour établir un véritable climat de confiance. Ce qui est non tolérable pour nous, par exemple, c’est médire sur autrui. Puisque les choses sont dites en temps et heure, avec franchise et bienveillance, rien n’est caché. Parler contre les autres dégage des énergies très négatives sur le climat de travail. Dans une culture d’intégrité et j’ai envie d’ajouter de délicatesse, tout peut être dit et entendu. Et cela permet des co-créations hors du commun. Dans un tel contexte, chaque personne se sent écoutée et respectée, elle sait que les choses ne se passent pas dans son dos. Et parce que toute chose est dite de manière non violente, avec respect, elle est mieux acceptée et comprise. Les conflits ne nous font pas peur. Si vous êtes un bon leader, vous savez que les meilleures équipes sont les équipes où il y a de sains conflits. Cela permet d’avoir de vraies conversations pour arriver aux meilleures solutions. Mais pour cela, il faut de la sagesse et de la maturité. C’est ce que nous recherchons au sein de notre équipe et pour les équipes que nous accompagnons.
L’humilité est une autre valeur complémentaire. Lorsque nous développons une culture d’amélioration continue, on apprend à être des apprentis de la vie. Le désir de s’améliorer vaut mieux que le désir de perfection. Ainsi, nous sommes toujours partants pour voir comment faire mieux. Si une personne souligne un point qui peut être amélioré, on est tous partants pour petite séance de remue-méninges. Et bien sûr, une de nos passions est l’Humain. Chacun ressent ce fort désir d’apprendre, de s’améliorer avec les autres. Ensemble, cela nous donne l’impression d’évoluer de jour en jour vers une meilleure version de soi.
Finalement, une entreprise peut aussi décider de faire de l’esprit d’équipe, une de ses valeurs. C’est ce que nous avons choisi à la NEC. Nous réfléchissons à notre complémentarité, pour que chacun puisse, le plus possible, développer sa zone de génie. Accomplir un travail qui nous procure de l’énergie est tellement plus stimulant. Permettre à chacun d’exprimer sa vraie nature, son authenticité, ses forces.
En tant qu’équipe, si on choisit des coéquipiers qui se complètent où chacun a l’occasion de développer sa zone de génie, il y a rarement des frustrations. Tout problème, contrainte ou amélioration devient un défi qui stimule la créativité de tous.
Et pour que tout cela soit optimal, la définition d’un objectif commun est importante. Il faut que cet objectif soit très précis et que tous puissent suivre les indicateurs de performance. Si on se fixe un objectif commun, mais qu’on ne sait pas vraiment où nous en sommes, on se prive de l’intelligence collective pour améliorer la situation de jour en jour.
Références :
Stanford Encyclopedia of Philosophy.
Scott Kim, Radica Candor, Macmillan, 2019,
L’histoire inspirante de Marie-Madeleine Fourcade, leader du réseau de résistance Alliance durant la Seconde Guerre mondiale. Son courage, sa vision, et son leadership exemplaire nous enseignent des leçons précieuses sur la capacité à mobiliser et inspirer en période de crise.