Un style à soi
Le constat que j’achetais trop, je l’ai fait il y a de nombreuses années bien avant que mes étudiants souhaitent corriger ce problème et m’incitent à créer l’atelier, Mon style, ma garde-robe.
Photo Jason Briscoe Un style à soi par Sylvie Gednreau
Nous l’avons compris, les objets nous réconfortent. Ils participent à notre bien-être si nous savons nous limiter.
Toutefois, comme l’écrit Ariane :
« J'ai longtemps aimé avoir beaucoup de choses autour de moi, des "bibelots", des meubles, de la vaisselle, des vêtements, des chaussures etc. Je suis attachée aux ambiances colorées, chaleureuses. Mes nombreux déménagements, en particulier quand j'habitais à l'étranger, m'ont permis de faire du tri (j'adore ça) mais je constate que les choses matérielles sont comme la nature, elles reprennent le dessus très rapidement. »
J’aime cette comparaison avec la nature, car c’est exactement ce qui se passe avec nos objets surtout dans une société de consommation qui fait tout pour stimuler notre désir à tout moment.
La première chose importante m’a été enseignée par ma mère qui était une femme élégante et créative malgré ses petits budgets :
Acheter de la qualité
Elle répétait constamment que nous n’avions pas les moyens d’acheter de la mauvaise qualité. Elle était, bien avant l’heure, dans la mouvance du « less is more ».
J’ai donc suivi ses traces pendant plusieurs années, jusqu’au jour… ayant plus de moyens, j’ai commencé à acheter trop de choses, elles étaient d’excellente qualité, mais j’en achetais trop. J’aime le beau et il est facile de craquer lorsqu’on se promène à Milan, Paris ou Londres... mais également dans toutes les villes qui offrent désormais presque la même chose partout dans le monde !
D'ailleurs (pour l'anecdote), je suis entrée dans un centre commercial à Rouyn-Noranda et j'ai eu l'impression d'être à Rennes. Les boutiques étaient exactement les mêmes !
L'uniformité me démotive.
Personnellement, j'achetais parce que mon regard croisait une vitrine (des étalages souvent créés par des artistes pour déclencher notre désir). Lorsque nous achetons un vêtement, nous nous offrons une histoire, une atmosphère… ce n’est pas l’objet en tant que tel, mais plutôt le plaisir ou le bien-être que nous imaginons que cet objet nous procurera.
Et puis, l'atmosphère et le lieu où nous l'achetons ajoutent une valeur mnémonique... on revient en Italie chaque fois qu'on le porte.
Seuls les achats qui comblent un manque spécifique requièrent que je fasse l’effort de trouver l’objet en question. Je n’ai jamais aimé faire les magasins.
La publicité, les étalages, les vitrines… sont des tentations créées par des stratèges doués en marketing. Les stratégies utilisées sont encore plus pernicieuses à l’ère du capitalisme émotionnel, car ceux qui les conçoivent savent beaucoup de choses sur nous : nos désirs, nos envies, nos goûts, nos habitudes, nos frustrations, nos faiblesses.
Si nous ne sommes pas conscients et sur nos gardes, il est facile de (re) tomber dans le piège.
J’ai cessé de consommer autant il y a de nombreuses années. Les déménagements, des appartements plus petits, des changements d’activités, comme cela nous arrive à tous.
Ma nouvelle philosophie ?
J’imagine que je suis une boutique. Ma garde-robe est mon inventaire. Il est constitué de plusieurs pièces de qualité et, la plupart du temps, de tissus naturels (cachemire, laine, soie, coton, lin), ma règle numéro 1.
« Les vêtements sont la source principale des microplastiques. Plus d’un tiers des particules de microplastique présentes dans les mers proviennent de textiles synthétiques (source greenpeace). Et ceci va augmenter puisque la production des textiles synthétiques augmentent d’année en année. »
« Les microplastiques que l’on retrouve dans les vêtements sont appelés microfibres. Les scientifiques retrouvent ces fibres partout : dans la terre, dans les océans, dans l’eau potable et dans les chaines alimentaires. Leur forme asymétrique et leur composition collante en font un réel problème pour les animaux. Tous les tissus génèrent des microfibres, mais les tissus synthétiques en relâchent beaucoup plus que les fibres naturelles. » Extrait du blog petit citron**.
Les experts conseillent, entre autres, d’éviter le polyester, l’acrylique, le nylon, le lycra et l’élasthanne.
Pour tout vous dire, j’ai toujours préféré les matières naturelles, mais je n’avais jamais réfléchi aux dommages pour l’environnement. Sauf peut-être la fausse fourrure qui n’est pas biodégradable. J’ai donc été étonnée que, pour sauver les animaux, on remplace la fourrure par de la fausse !
Je savais que des tissus comme le polyester et la viscose empêchent l’air de circuler, mais sans plus.
Certains tissus intelligents sont requis pour des vêtements spécialisés, mais attention à qui les fabriquent, tous ne sont pas des Patagonia ou ARC’terix, entreprises reconnues pour le soin qu'elles apportent à la protection de l'environnement.
Lire les étiquettes de nos vêtements est aussi important que lire les étiquettes sur les emballages des aliments que nous consommons si nous voulons réduire notre empreinte écologique et prendre soin de notre santé.
En achetant de la qualité, j’ai des pièces qui sont superbes malgré les années qui passent. J’ai souvent des compliments parce que je ne porte pas ce que tout le monde porte.
Anne écrit :
« La qualité dure....certaines paires de chaussures ont plus de trente ans et j’ai encore plaisir à les porter car elles sont intemporelles. »
Se débarrasser très vite après usage est-il toujours la meilleure option ? On achète, on revend, on achète, on donne… parfois, c’est utile, mais parfois, c’est beaucoup de temps perdu qui aurait pu être occupé autrement. Et ce cycle crée des déchets à la vitesse grand V.
Avant d’acheter désormais, je regarde ma garde-robe et j’y trouve la plupart du temps ce dont j’ai besoin (et même en phase avec les tendances) parce qu'elle a été constituée comme une garde-robe durable.
J’ai commencé à vivre selon cette philosophie depuis environ sept ans.
J’avais déjà beaucoup réduit ma consommation les années précédentes, mais je n’étais pas encore satisfaite. Cette fois, ça fonctionne, et ce sera le sujet d’un des modules de ma prochaine formation.
Il y a des choses pour lesquelles j’aurais aimé être accompagnée plus jeune. Au lieu de dépenser autant, j’aurais investi cet argent autrement.
Et surtout… cela est possible sans avoir l’impression de se priver ou de ne pas renouveler son style !
Quel est votre style ?
La créativité associée à l'élégance permet de se constituer une garde-robe « originale » qui est le reflet de sa personnalité et qui donne confiance en soi.
Qu'est-ce qui vous démarque ?
Être comme tout le monde... c'est ennuyeux. Créer son propre style est beaucoup plus amusant. N'imitez pas les autres, laissez-les vous imiter (n'ayez pas peur d'être différent) ! Vous deviendrez la référence.
Si chacun se sent plus libre, nous libérerons plus de temps libre, étant moins esclaves des diktats qu'on veut nous imposer.
Si ces sujets vous intéressent et que vous êtes intéressés à connaître comment je me suis constituée une garde-robe durable (et originale) grâce à mon système circulaire, je vous en parle dans d’autres articles.
* greenpeace
** blog petit citron