Perfectionnisme : ce que l’on sait et ce que l’on ignore
Le perfectionnisme est un aspect très important de la personnalité. Il peut avoir un impact négatif sur l’état de santé physique et mental : dépression, troubles alimentaires, suicide, problèmes conjugaux et procrastination.
Mis à jour en 2025
Perfectionnisme : ce que l’on sait et ce que l’on ignore par Sylvie Gendreau, le blog du Nouveau Leadership, la Nouvelle École de Créativité
Les dimensions du perfectionnisme
Le perfectionniste est perçu comme un individu rigide. Ses attentes peuvent être démesurément élevées. Il se montre extrêmement sévère envers lui-même. Dans tout ce qu’il entreprend, il tend à la perfection.
Ce portrait du perfectionniste est à la fois juste et imprécis. D’autres dimensions doivent être prises en compte.
6 attitudes souvent adoptées par les perfectionnistes
🚩 Il se fixe des standards personnels très élevés. Toutefois il s’agit de perfectionnisme seulement si ces standards sont accompagnés d’autocritiques très sévères.
🚩 Il a peur de commettre des erreurs.
🚩 Il émet constamment des doutes sur ses actions.
🚩 Il est très influencé par les critiques parentales. Il cherche l’approbation des parents, et il est très affecté par leur désappointement éventuel. Dès l’enfance, des attentes démesurées et des critiques incessantes de la part des parents auront pour effet de déclencher plus tard des attitudes et des comportements perfectionnistes chez l’adulte.
🚩 Il accorde une importance toute particulière aux attentes parentales et tente autant que possible de s’y conformer.
🚩 Il accorde beaucoup d’importance à l’organisation. Pour le perfectionniste, l’ordre et la propreté sont cruciaux.
Les 3 visages du perfectionnisme
🚩 Le perfectionnisme auto-orienté : celui qui vise à atteindre soi-même un niveau de perfection élevé.
🚩 Le perfectionnisme orienté vers les autres : celui qui cherche à ce que les autres soient parfaits.
🚩 Le perfectionnisme socio-orienté : celui qui pousse l’individu à se conformer à des critères sociaux de réussite.
Enfin il est important de définir ce que le perfectionnisme n’est pas. Le perfectionnisme n’est pas un ensemble d’attitudes et de comportements conscient. Il ne s’agit pas d’autodiscipline ou de sens de l’organisation. Il s’agit d’attitudes ou de comportements compulsifs qui imposent à soi ou à autrui des critères très élevés.
Les conséquences sur la santé et les relations
Être un perfectionniste n’est pas sans conséquence. Une étude menée pendant une période de sept ans révèle que les perfectionnistes décèdent plus tôt que la moyenne de la population. Le perfectionnisme est associé à toute une gamme de problèmes mentaux, allant de l’anxiété jusqu’au suicide, en passant par la dépression. Ainsi qu’à des problèmes relationnels causés par les exigences imposées par les perfectionnistes envers leur entourage, ou envers eux-mêmes puisqu’ils s’attendent à ce que leurs proches réclament d’eux de hauts standards de performance dans tout ce qu’ils accomplissent.
Celles et ceux qui sont aux prises avec un perfectionnisme orienté vers les autres ont tendance à se montrer machiavéliques, narcissiques, voire psychopathes.
Finalement, il est important de noter qu’au cours des trente dernières années, le perfectionnisme (toutes dimensions confondues) a été en augmentation constante. Cela est attribuable aux pressions sociales de plus élevées, en particulier en ce qui concerne l’apparence physique. De nos jours, les perfectionnistes sont très réceptifs aux messages en provenance des médias sociaux affirmant que leurs vies se trouveraient grandement améliorées s’ils se conformaient au diktat du corps et de la tenue parfaite.
Transformer le perfectionnisme en atout créatif
Lorsque j’étais plus jeune, j’avais plusieurs idées de livres, mais je ne les écrivais pas. Tant de choses ont été écrites, je disais que je ne voulais pas noircir du papier pour rien, je ne voulais pas faire perdre de temps aux autres.
C’était puéril. Je sais. J’avais parfois cette folie des grandeurs. Je voulais faire des grands projets, réaliser de grandes choses. Cette attitude m’a fait perdre beaucoup de temps. J’ai adoré lire le scientifique allemand, Niklas Lhuman, dont nous parlons beaucoup dans l’atelier Prendre de notes pour mieux Apprendre, Penser et Créer de la NEC. Il a dit qu’il n’a jamais eu l’idée d’écrire un grand livre. Chaque article était un premier jet. Même ses livres étaient l’équivalent de premières versions. Ils ne perdaient pas de temps à se relire et à peaufiner. Ils écrivaient rapidement. Bien sûr, certains de ses livres ont fait l’objet de relecture et de révision. Et il écrivait d'excellentes notes ! Mais le conseil qu’il donnait : ne vous dites pas que ce que vous devez écrire doit être parfait… voyez-le plutôt comme une version inachevée qu’il sera toujours temps d’améliorer. Ne restez pas bloquer au premier chapitre comme il m’est arrivé souvent de le faire plus jeune. Je relisais et, bien sûr, je pouvais toujours améliorer, mais je me perdais dans les détails.
Aujourd’hui, j’ai des mécanismes en place pour éviter ces travers :
→ Je m’impose des délais impossibles pour m’empêcher de m’éterniser sur les détails.
→ J’annonce avant de faire avec une date de lancement.
→ Il est important, pour moi, de tenir parole, à partir du moment où j’ai dit que je le ferais… même si je ne suis pas satisfaite à 100 %, je le fais !
→ Je reviens ensuite et j’améliore ce qui peut l’être.
Adoptez la « version inachevée » : itérez pour libérer votre créativité
Comprendre cela est essentiel. Si nous ne pratiquons pas, nous ne pourrons jamais exceller. Il faut accumuler les expériences et prendre le temps d’analyser entre chaque expérience pour s’améliorer d’une fois à l’autre… Parfois la chance peut jouer, on peut créer l’exceptionnel du premier coup parce que les conditions ont été favorables…
Vous connaissez probablement l'histoire de ce grand artiste chinois réputé qui peignait des encres magnifiques. L'empereur le fait venir pour réaliser un de ses chefs-d'œuvre.
L'artiste s'exécute et il termine en dix minutes. L'empereur lui demande comment un travail réalisé aussi rapidement peut-il valoir une telle fortune ? Parce qu'il m'a fallu quarante ans pour arriver à ce résultat.
Vouloir créer quelque chose de parfait inhibe et empêche souvent le génie de s’exprimer. Rappelez-vous : ces 10 minutes de chef-d’œuvre ne sont possibles que grâce aux 40 ans d’itérations silencieuses qui les précèdent.
À la Nouvelle École de Créativité, nous aidons les leaders aux prises avec cette situation à transformer leur perfectionnisme en atout créatif avec des techniques de recul et d’auto-compassion et des méthodes pour canaliser l’exigence avec plus de sérénité.
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Référence :
Smith, M.M. et all. Multidimensional Perfectionism Turns 30 : A Review of Known Knowns and Known Unknowns. Canadian Psychology, 2021.
Le perfectionnisme, moteur d’excellence mais souvent destructeur, se décline en plusieurs formes : apprenez à l’identifier et à le canaliser pour en tirer le meilleur.