Comment se protéger du bruit ?
Comment faire taire les bruits envahissants ?
Megan Nolan a résidé à Londres pendant deux ans. Aussitôt arrivée, elle a dû se confronter à ce qui est désormais devenu le lot de toutes les grandes capitales : une vie stressante, un horaire chargé, l’anxiété provoquée par un emploi précaire.
Littéralement ballotée, matin et soir, par une marée humaine déversant sur elle une myriade de bruits de toutes sortes : voix, jeux électroniques, conversations téléphoniques, Megan a tenté tant bien que mal de s’adapter à cet assaut sonore constant.
Elle a finalement trouvé une solution qui peut sembler inattendue : écouter des bruits blancs.
Le bruit blanc est un bruit généré de manière aléatoire. Toutes les fréquences de la bande sonore ont une intensité spectrale de la même puissance. Les effets furent rapides. Dans le métro ou au bureau, Megan se branche à une application qui génère des bruits blancs. Le flot submergeant de bruits quotidiens s’en trouve considérablement atténué. Son sommeil s’améliore. Elle devient plus reposée, plus calme.
Elle n’est pas la seule à tirer de telles avantages de l’écoute de bruits blancs, le recours à de telles pratiques n’est pas nouvelle.
Une étude récente * a démontré que l’on pouvait recourir aux bruits blancs pour traiter les troubles du déficit de l’attention chez les enfants en réduisant de manière significative leurs symptômes.
Deux mécanismes sont invoqués pour tenter d’expliquer ce résultat. L’effet de blocage qui consiste à atténuer les bruits que l’on juge indésirables. Et la résonance stochastique.
La résonance stochastique est l'amélioration des performances d'un dispositif présentant des non-linéarités par l'application d'un signal stochastique (bruit).
Une résonance stochastique se produit lorsqu’un signal, trop faible pour être détecté, est amplifié en y ajoutant un bruit blanc. La résonance stochastique améliore le rapport signal sur bruit (ce rapport est un indicateur de la qualité de la transmission d'une information). Le système auditif peut alors discerner plus efficacement l’information transmise.
Les enfants auxquels ont a fait écouter des bruits blancs ont une meilleure reconnaissance de la parole, et leur vitesse à l’écrit est accrue.
Mais les enfants ne sont pas les seuls a bénéficier des effets positifs des bruits blancs. Les adultes et les personnes âgées aussi. On note, par exemple, une amélioration du comportement et une diminution des symptômes psychologiques dus à la démence ou à la schizophrénie.
Ou, chez les adultes bien portants, une amélioration dans l’exécution de tâches telle la mémorisation de mots, ou l’exécution de tâches visio-spatiales.
Il existe plusieurs types de bruits blancs : pluie, signal radio générant de la friture, etc.
De nombreuses applications génératrices de bruits blancs sont disponibles. Grâce à ces applications, il est possible de moduler, selon les besoins, les différentes plages de fréquence afin de produire l’effet de blocage désiré. Personnellement, j’utilise sur Apple, l’application My Noise.
Le bruit blanc est également utilisé pour les appareillages auditifs. Un utilisateur, souffrant d’un léger déficit de 25 % (on appareille à partir de 33 %) dû à l’âge et à l’hérédité, me disait que ses appareils très haut de gamme amplifient très exactement les fréquences (aigües pour lui) mal perçues, et règlent incroyablement bien son problème, faisant disparaître du même coup les acouphènes dont il souffrait depuis une dizaine d’années. Dans son cas, les acouphènes sont un bruit blanc générés par le cerveau pour aider à une meilleure perception des sons. « Ils ne sont gênants que si l’on y prête attention… Sinon ils aident ! »
Ces appareils sont conçus pour pouvoir générer des bruits blancs, en cas de déficit plus important, sans trop amplifier les fréquences faibles.
Se protéger des bruits qui envahissants pour se détendre, mieux se concentrer et dormir, le soir venu est une saine pratique.
Associée à de bonnes nuits de sommeil, cette pratique favorise un sentiment de bien-être malgré le stress que peut causer un emploi dans une grande capitale.
Référence
*Une étude récente