Un cadeau empoisonné
par Mathieu Nedelec
L’utilisation excessive des nouvelles technologies nuit à votre sommeil
Axel rencontre des problèmes de sommeil depuis cinq ans déjà, ce qui coïncide avec un nouveau travail qui lui offrait alors de belles perspectives. Une évolution professionnelle qui lui ouvrait de nombreuses portes, mais qui lui a fermé les portes du sommeil. Sa fiancée, soucieuse de son état de santé, lui a offert pour Noël l’un de ces nombreux capteurs de sommeil disponibles sur le marché. Depuis qu’il le porte en permanence sur le bras, ce sont les bras de Morphée qu’il ne parvient plus à trouver. Axel n’est pas le seul, environ 10% de la population posséderait un tel capteur tandis que la moitié envisagerait de s’en procurer un prochainement. Un terme a récemment vu le jour pour qualifier les personnes obsessionnellement préoccupées par l’amélioration de leur sommeil : l’orthosomnie (le « sommeil correct »).
La première chose que ces personnes font au lever est de consulter le compte-rendu de la nuit fourni par l’application associée au capteur. Elles anticipent une journée difficile lorsque le bilan affiche moins de 8 heures de sommeil au compteur.
Certaines vont même jusqu’à consulter, au moindre réveil nocturne, le téléphone pour suivre « en temps réel » le déroulé de la nuit… Or, deux méthodes sont aujourd’hui validées scientifiquement et utilisées pour enregistrer le sommeil : l’actimétrie et la polysomnographie. Si l’actimétrie enregistre précisément les mouvements au cours de la nuit, la polysomnographie permet d’enregistrer notamment l’activité électrique du cerveau. L’actimétrie, tout comme la plupart des capteurs présents sur le marché, ne permet en aucun cas de définir les stades de sommeil (sommeil léger, sommeil profond et sommeil paradoxal), seule la polysomnographie le permet.
Plusieurs études scientifiques ont en effet montré que les capteurs présents sur le marché sont incapables de repérer avec précision les stades de sommeil ainsi que les temps d’éveil au cours de la nuit. De plus, un manque de transparence dans les algorithmes utilisés rend difficile toute étude de validation. Alors, il est grand temps pour Axel et les personnes hyper connectées de reprendre les rênes de leur sommeil, et de laisser le capteur et ses multiples données à leur juste place.