Est-ce que vous jardinez ?
Insuffler une âme à votre jardin en prenant soin de vous !
La pratique du jardinage présenterait des bienfaits qui va bien au-delà de l’aspect esthétique ou alimentaire qui découle du fait de s’occuper d’un jardin.
La psychiatre Sue Stuart-Smith affirme qu’un processus existentiel est à l’œuvre lorsqu’on crée et entretient un jardin. Il ne s’agit pas simplement d’un espace physique, mais aussi d’un espace mental qui procure un sentiment de quiétude qui est propice à l’écoute de nos pensées et de nos réflexions.
Semer, planter, tailler permettent à l’esprit de se libérer de ses problèmes. Entretenir un jardin permettrait ainsi de prendre soin de soi.
Le fait même de prendre contact avec la terre nous rappellerait nos origines, nous connecterait avec le rythme des saisons, avec le cycle de la vie.
Jung, qui par ailleurs avait un jardin et faisait pousser ses légumes, était convaincu de l’aspect aliénant de la société technologique moderne qui nous coupe de nos racines terriennes.
Jardiner nous oblige à synchroniser notre cadence avec celle de la végétation, un rythme lent, celui des plantes, un rythme qui se démarque de la quête des retours quasi instantanés que nous propose les technologies actuelles.
L’envie de jardiner est-il communicatif ? Le fait d’avoir été longtemps confiner fait-il surgir des envies nouvelles de sortir dans son jardin pour travailler la terre ?
Doit-on souhaiter, tel l’enfant auquel fait référence Rousseau dans Émile ou de l’éducation que nous nous mettions tout naturellement à jardiner :
« Il (l’enfant) n'aura pas vu deux fois labourer un jardin, semer, lever, croître des légumes, qu'il voudra jardiner à son tour. »
Nous ne logeons pas tous à la même enseigne lorsqu’il s’agit de mettre la main à la terre. Encore faut-il avoir la main verte ou disposer d’un espace pour pouvoir s’exercer.
Qu’à cela ne tienne, la crise que nous traversons nous rappelle l’urgence d’assurer de manière plus adéquate nos liens de subsistance. Il y a fort à parier qu’un nombre grandissant de jardins communautaires verront le jour. Tenir jardin au lieu de tenir salon, c’est aussi, à toute petite échelle, prendre soin de la terre. Certaines tâches, en apparence toutes simples, comme l’arrosage, procurent une sensation de calme et un certain rafraîchissement, même une fois terminée, en regardant le ruissellement de l’eau sur les feuilles.
L’effet que procure la pratique du jardinage a par ailleurs fait l’objet d’une étude menée en Grande-Bretagne. Chaque pound que dépense la NHS (la National Health Service, le système de santé publique du Royaume-Uni) pour ses projets de jardinage lui permettrait d’économiser 5£ dans les dépenses de santé.
Dans les années qui viennent, il est probable que la détérioration du climat obligera les jardins à trouver refuge dans des serres. De micro-serres, des serres communautaires, aménagées à l’intérieur d’un appartement ou juchées sur un balcon, ou encore sur le toit d’un immeuble. D’autres temps, d’autres moeurs. Peut-être verra-t-on surgir, au sein même des villes, des serres publiques, jouant le rôle de pédagogues auprès des citoyens désireux d’apprendre comment se nourrir, s’oxygéner et se détendre par les plantes.
Ces serres publiques prendront peut-être le relais des serres de l’antiquité, celles dont Jean-Marie Pelt fait allusion dans son livre La Cannelle et le panda : « Les monastères conservaient la science médicale de l'Antiquité ; ils assumaient alors ce qu'on appellerait aujourd'hui une fonction humanitaire, entretenant un « jardin des simples » où figuraient les plantes répertoriées dans le capitulaire de Villis, édicté par Charlemagne en 812, indiquant arbres et plantes médicinales à cultiver sur l'ensemble des domaines royaux. »
Mais j’aimerais donner le dernier mot à la Candide de Voltaire pour qui le jardin qu’il faut cultiver est celui de la terre et de l’esprit.
« Je sais aussi, dit Candide, qu’il faut cultiver notre jardin. – Vous avez raison, dit Pangloss : car, quand l’homme fut mis dans le jardin d’Éden, il y fut mis ut operaretur eum, pour qu’il travaillât ; ce qui prouve que l’homme n’est pas né pour le repos. – Travaillons sans raisonner, dit Martin ; c’est le seul moyen de rendre la vie supportable. »
Toute la petite société entra dans ce louable dessein ; chacun se mit à exercer ses talents. La petite terre rapporta beaucoup. Cunégonde était à la vérité bien laide, mais elle devint une excellente pâtissière ; Paquette broda ; la vieille eut soin du linge. Il n’y eut pas jusqu’à frère Giroflée qui ne rendît service ; il fut un très bon menuisier, et même devint honnête homme ; et Pangloss disait quelquefois à Candide : « Tous les évènements sont enchaînés dans le meilleur des mondes possibles : car enfin, si vous n’aviez pas été chassé d’un beau château à grands coups de pied dans le derrière pour l’amour de Mlle Cunégonde, si vous n’aviez pas été mis à l’Inquisition, si vous n’aviez pas couru l’Amérique à pied, si vous n’aviez pas donné un bon coup d’épée au baron, si vous n’aviez pas perdu tous vos moutons du bon pays d’Eldorado, vous ne mangeriez pas ici des cédrats confits et des pistaches. – Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin. »
Votre cerveau est aussi un jardin et bien l’entretenir est essentiel, c’est ce que nous faisons dans notre atelier en ligne Attitudes pour prendre de l’Altitude.