📍Je suis accro à mon smartphone et vous ?
Certains l’admettent d’emblée d’autres préfèrent changer de sujet de conversation.
Souffrez-vous de dépendance à l’égard de votre smartphone ?
Avez-vous le réflexe de le consulter toutes les 5 minutes ?
Est-ce difficile de vous en passer ?
Vous hésitez ?
Alors prêtez-vous à une expérience.
Prenez votre smartphone et mettez-le dans un tiroir verrouillé à clé si nécessaire pendant 24 heures. Ne paniquez pas si au cours des 12 premières heures vous vous sentez anxieux. Les 12 premières heures sont les plus difficiles. Il se pourrait que vous vous sentiez alors libéré.e. Évidemment, il ne s’agit de bannir votre smartphone à vie, mais de renouer avec lui sur des bases différentes, plus raisonnables.
Le Dr Anna Lembke est la cheffe de la clinique de dépendance de l’université Stanford. Elle s’y connaît en dépendance et tient à préciser d’entrée, que nous sommes tous dépendants à divers degrés. Tout est une question de degrés justement. Elle qualifie le smartphone de l’aiguille hypodermique des temps modernes. L’aiguille vers laquelle nous nous tournons lorsque nous avons besoin d’un « hit » rapide, d’une distraction en glissant le doigt sur l’écran, en envoyant un like, en partageant un tweet. Depuis le début du siècle, les dépendances comportementales ont fait un bond en avant par rapport à la dépendance aux drogues.
C’est grave docteur ?
Pourquoi ne pas céder à cette dépendance aux smartphones ? Après tout, pourquoi en faire tout un plat ?
Toute dépendance entraîne des conséquences.
Dans le cas de la dépendance aux smartphones, ses effets, pris isolément, ne sont pas spectaculaires, mais une fois cumulés ils deviennent pernicieux : le temps passé à pianoter sur mon smartphone empiète-t-il sur le temps que je pourrais consacrer à mes enfants, à mon conjoint, à mes amis ?
Le temps « soustrait » à d’autres activités plus importantes ou plus productives est certes difficile à évaluer, mais il existe.
Avant de sombrer dans la culpabilité, il est important de comprendre quelle est la mécanique qui est à l’œuvre lorsqu’un lien de dépendance se manifeste. Une molécule est au cœur de ce processus : la dopamine. Contrairement à ce que l’on pense habituellement, la dopamine n’est pas, comme telle, la molécule du plaisir. La dopamine nous incite à faire ce qui nous procurera ensuite du plaisir. Plus la décharge de dopamine est élevée, plus notre dépendance à une activité donnée s’accroît. À tel point qu’il suffit de songer à cette activité pour que la dopamine entre en action. Une décharge de dopamine se produit (1) au moment où l’on anticipe la pratique de l’activité, ainsi qu’au moment (2) où l’on pratique cette activité.
Comment alors peut-on changer nos habitudes ?
Le Dr Lembke suggère de s’adonner à un jeûne. Séparez-vous de votre smartphone pendant 24 heures. Puis augmentez les périodes de sevrage. Plus la période est longue, plus les effets de la dépendance disparaîtront peu à peu. L’objectif est de trouver un juste équilibre.
En plus de s’adonner à la pratique du jeûne, le Dr Lembke suggère d’adopter les habitudes suivantes :
1. S’accorder des moments de répit.
Il est important d’accorder à votre cerveau des moments de répit. Il existe dans notre cerveau un « réseau du mode par défaut ». Il s’agit un réseau constitué des régions cérébrales actives lorsqu'un individu n'est pas focalisé sur le monde extérieur, et lorsque le cerveau est au repos. Entre deux activités, le cerveau a besoin en quelque sorte de reprendre son souffle et de traiter l’information qu’il vient d’absorber.
2. S’adonner à des activités qui présentent un défi.
Lorsque vous pratiquez une activité qui présente un certain défi — courir, discuter avec un étranger ou encore lire un livre de philosophie — au lieu de ressentir une décharge de dopamine avant de vous y adonner, vous la ressentez après l’avoir réalisé. Et le plaisir que vous ressentez alors est plus intense.